LA ROUTE DORÉE DE L’ENFER
Semenov A. V. translate by O. Orby
1. L’appel matinal
Kharkiv, printemps 2021
Simon fut réveillé par le bruit du vibreur de son téléphone portable. il regardât sur l’écran qui affichait « 4 : 50, 27 mars, 2021 ».
« Que se passe-t-il? » grogna-t-il d’une voix ensommeillée. « Peut-être c’est Micha, mon ami de Chicago, qui veux me dire quelque chose d’intelligent avant le couché. D’accord, je vais lui répondre quelque chose de plus brillant encore ».
Mais la voix excitée de Iouri, employé de la police criminelle, dissipa entièrement les restes de son sommeil.
« Mauvaises nouvelles, Simon. La maison de ton patron a été cambriolée cette nuit, lui-même ainsi que sa femme ont été battus et, sans doute, soumis aux tortures. Ils se trouve à l’heure actuelle à l’hôpital dans un état assez grave. Tu m’entends?
– Oui, je t’entends. Comment l’as-tu appris?
– Je suis de service aujourd’hui.
– Tout le monde a subi des tortures? » chuchota Simon, d’une voix sans expression et gardant les yeux fermés.
« Non, Ivita a dormi chez une amie. Allez, je te laisse » répondit Iouri ayant très bien compris ce que cherchait à savoir Simon.
2. Le réveil.
Les yeux fermés, Simon s’abattit sur l’oreiller. Le sommeil disparut définitivement. Une montagne de pensées, de souvenirs se mirent s’éleva dans son esprit.
« Ivita est en vie, Ivita est en vie » répétait-il. Ses yeux bleus tristes le fixaient en disant : « Je suis là ». Ivita devint le centre de l’Univers pour Simon il y a très peu de temps, ou il y a très longtemps, tout est relatif : le 6 septembre 2020. Il l’aperçut pour le première fois dans le laboratoire de leur entreprise lorsque celle-ci fut embauchée comme stagiaire par le patron. Dans une entreprise fermée comme la leur, l’arrivée d’un nouveau collègue était déjà en soi un évènement qui signifiait quelque chose. Du moins cela voulait dire que la jolie tête de la jeune fille contenait, dans une consécution correctement organisée, différentes séquences de formules des réactions physico-chimiques. Le patron embauchait les plus brillants diplômés des facultés de biophysique. Plus tard, Simon découvrit qu’Ivita était une fille adoptive du patron. C’était une coïncidence. L’entreprise Bakhmet était spécialisée dans les recherches assez insolites. Et l’histoire de son émergence fut plus étanche encore. Il y a fort longtemps, son patron, le professeur Tchaïkov, conduisait des recherches dans le domaine de la bio-métallurgie, autrement dit, étudiait la possibilité d’extraire mes métaux à partir de l’eau à l’aide des microorganismes. L’apparition de ce nouveau champ de recherche résultat de la découverte du fait que les eaux de l’Océan mondial contenaient au moins 50 métaux parmi ceux dont l’homme avait besoin. De plus, il s’avéra que leur réserves étaient dix fois supérieures en quantité à celles des ressources terrestres. C’est pourquoi l’intérêt pour les recherches dans ce domaine ne cessait de croître. On découvrit diverses familles de bactéries aptes à récolter tels ou tels métaux à partir de l’eau de mer. Néanmoins, nonobstant le fait que tout se passait merveilleusement bien dans les conditions de laboratoire, rien ne permettait de trouver une technologie qui permettant une commercialisation de ces découvertes scientifiques. Les bactéries s’obstinaient à refuser d’étendre leurs colonies jusqu’à la taille de plusieurs tonnes et ne parvenait à produire même pas un kilo de métal. Par conséquent ces procédés s’avéraient extrêmement couteux. C’est pourquoi, ni les investisseurs publics, ni ceux privés, ne jugèrent guère rentable d’investir dans les entreprises fondées sur de telles technologies, et le domaine de la bio-métallurgie en resta donc au stade des recherches.
3. Les origines de Bakhmet
Simon était maintenant complètement éveillé, mais sa mémoire continuait à lui rejouer le film de son passé.
Au début des années 2000, le professeur Tchaïkov se passionna pour l’idée de l’extraction des métaux à partir de l’eau de mer grâce aux technologies biophysiques et parvint, dans le cadre d’un programme de recherche à petit budget, à cultiver quelque espèces de bactéries capables de récolter des métaux lourds, y compris l’or et l’uranium. Les résultats des ces recherches étaient gardées en secret. Lorsque le budget obtenu pour celles-ci fut épuisé, Tchaïkov continua sur cette voie à ses heures de loisir et à son propre compte. Mais la situation changea radicalement en 2017, lorsqu’il fut contacté par un fonctionnaire de SBU, service de renseignement ukrainien. Ce dernier, comme il s’avéra par la suite, était le chef d’un réseau de trafiquants de métaux précieux à l’échelle du pays, et était très bien informé avec les recherches de Tchaïkov. Il proposa d’ouvrir une entreprise consacrée à l’exploitation industrielle des résultats obtenus par Tchaïkov concernant l’extraction de l’or à partir de l’eau de mer. Comme Tchaïkov l’expliqua plus tard à Simon, lorsqu’il annonça à l’agent de SBU le montant approximatif des travaux, ce dernier répliqua sans hésitation qu’il n’y aura aucun problème avec le financement. Et lorsque Tchaïkov demanda quelle était la provenance de cet argent, l’agent de SBU répondit de façon évasive qu’il s’agissait de personnes intéressées par le projet. Tchaïkov apprit d’expérience que l’or attirait les gens avec un esprit libre, non encombrés par le respect du code pénal. Il fixa le visage bouffi de l’apparatchik issu de l’école soviétique, celle qui forme les gens sans conscience et sans honneur, pour lesquels la maxime suprême est : «Il faut faire du fric! », et se demanda s’il devait oublier pour toujours ses recherches et ses idées.
« Oui, je suis prêt à discuter vos conditions », dit Tchaïkov.
C’est ainsi que fut créée l’entreprise Bakhmet dans laquelle Tchaïkov possédait 51% de parts, tandis que les 49% restants appartenaient à aux trois investisseurs : Efim, Topyguine, et le membre haut placé du SBU prénommé Ratine. Le professeur donnait des cours de biophysique à l’Université ce qui lui permettait d’inviter des étudiants doués. C’est par ce biais que Simon devint le collaborateur de cette entreprise. De la même façon, deux ans plus tard, fut recrutée Ivita.
Simon se leva et se dirigea vers la douche. Il se tenait sous les flots d’eau froide sans sentir la température. « L’eau ne coulera jamais vers le plafond, une fois qu’elle fut tombée par terre », murmura-t-il. « Pour les gens, c’est la même chose : personne ne revient après être enseveli sous la terre et personne ne fera à sa place ce que la personne projetait d’accomplir lorsqu’elle était en vie. Si le professeur de se relèvera pas, je vais devoir continuer à sa place. Personne ne pourra le faire à ma place ».
4. La routine de Bakhmet
La de Simon mémoire continuait obstinément à lui rejouer le film de sa collaboration avec son patron. Au tout début de leur travail en commun, après la fin du stage, le patron lui dit sur un ton de confiance :
« Simon, les recherches que nous menons sont très intéressantes. Tu devrais suivre deux règles de sécurités capitales indispensables pour ta propre sécurité ainsi que celle de ton entourage. La première règle est liée au danger objectif lié au travail avec les microorganismes pathogènes et consiste à appliquer formellement les normes internationales de la classe BSL-4. Nos labos son équipés des systèmes de protection conformes à ces normes. Au cours de la recherche des bactéries optimales, nous pourrons aboutir accidentellement à des résultats imprévisibles comme par exemple une synthèse des microorganismes extrêmement pathogènes transmissibles à l’homme. Cela peut causer une pandémie, comparable à celle de la peste avec des conséquences peu prévisibles. Par conséquent, tu devras appliquer scrupuleusement le règlement qui porte sur l’ordre d’entrée et de sortie dans nos locaux.
La deuxième règle de sécurité relève du domaine subjectif et à trait à la spécificité du métal que nous allons extraire de l’eau. Je parle de l’or. Ce métal n’est pas comme les autres. Au fur et à mesure où nous allons nous approcher de la phase de la production et de la commercialisation, tu verras l’augmentation d’intérêt envers nous de la part de nos partenaires et, peut-être, de la part d’autre personnes encore. C’est pourquoi il est indispensable de respecter la confidentialité concernant les résultats de nos recherches en utilisant une écriture cryptée pour nos notes et en ne discutant de nos avancées qu’entre nous deux. M’as-tu bien compris?
– Oui ».
5. Les bactéries et la romance
Simon sentit le sérieux des paroles du professeur, et à partir de ce moment-là, il ressentait une vague angoisse dans un coin de son âme. Aujourd'hui, après l'appel de l'ami policier, ce vague malaise se transforma en une douleur lancinante dans son cœur. Simon travaillait à Buckmet depuis trois ans. Ce temps pour Simon a naturellement été divisé en deux périodes. Deux ans et demi de recherches continues et fascinantes dans le monde des micro-organismes. Sans lever la tête de ses microscopes, Simon a entraîné des bactéries à collecter l'or dans l'eau et à construire des colonies d'or. Puis Ivita est entrée dans le cabinet et Simon leva les yeux. Ivita s'est avérée être non seulement une jolie fille aux yeux bleus, mais aussi une biophysicienne compétente. Après quelques mois, elle a été mise en équipe avec Simon. Peut-être que le professeur l'a fait exprès, mais ça a fait un super tandem de recherche. Au cours des quatre derniers mois de travail, leur petit groupe a fait une percée dans la biotechnologie des métaux. Ils ont réussi à trouver un stimulant de croissance pour la bactérie Delftia acidovorans, qui crée les dépôts d'or de l'eau de mer. On a appris à la bactérie Cupriavidus metallidurans à absorber ces dépôts pour les fixer durablement. Il était très difficile de combiner ces deux familles de bactéries, qui ne se toléraient pas l'une l'autre. Pour ce faire, ils les ont séparées grâce à une troisième famille de bactéries E. colisepar modifiées. Et enfin ils sont parvenus à ce qu'un tissu spécial de triple épaisseur, empeigné de trois types de bactéries dans de bonnes proportions, commença, une fois plongé dans l’eau de mer, à se couvrir d’une mince pellicule d'or après un certain temps. C'était la première expérience réussie. Le professeur avait prévu d'organiser une expérience pilote dans la mer Noire, mais les choses ont pris du retard en raison du temps nécessaire à la formation du film d'or, c'est-à-dire que le processus était lent et que la durée de vie des bactéries était limitée. Les bactéries étaient en train de mourir. Simon et Ivita ont compris qu'ils devaient modifier la bactérie absorbante et ont passé beaucoup de temps à étudier la littérature scientifique et à chercher le bon gène. Indépendamment de leur travail, la sélection du bon gène modificateur a été prise en charge par une intelligence artificielle – un puissant serveur informatique doté d'un logiciel de modification des bactéries développé à grands frais pour Bakhmet en Israël. Mais Efim et Topyguine n'ont pas lésiné sur les moyens. Périodiquement, l'intelligence artificielle produisait un ensemble de combinaisons et de variantes fantaisistes de modifications génétiques, mais il fallait chercher les combinaisons pouvant être mises en œuvre.
Dans leur entreprise, seuls Simon et Ivita étaient chargés de la recherche expérimentale et du développement des moyens de modifier les bactéries. Le reste des employés s'occupait du développement de technologies de l’ingénierie génétique de masse et de la culture de colonies de bactéries modifiées. La conspiration des données de base était donc strictement appliquée. Et seuls Simon, Ivita et le chef savaient en détail ce qui se passait dans les flacons, les récipients et les tubes à essai, dans les thermostats et les réfrigérateurs. Cet ordre était maintenu par le professeur et tout le monde veillait à ce qu’il soit respecté.
6. Premier succès et premier or
Le cours monotone des événements commença à changer après la première expérience réussie avec des colonies bactériennes complexes. Le premier rabat de tissu de format A4, enduit d'or, a été présenté à Ratine et à ses partenaires. La présentation et les explications ont été données par Tchaïkov lui-même. Simon rencontra pour la première fois les personnes qui ont financé la recherche à Bakhmet. Il était évident qu'elles étaient impressionnées, et ne pouvaient croire jusqu'au bout que ce film d'or avait été obtenu à partir d'un réservoir d'eau de mer ordinaire de la mer Noire. Après les explications, elles ont posé des questions simples, mais pour elles les plus importantes :
– Quand? Combien? De quoi a-t-on besoin?
Simon a entendu le professeur raconter des choses générales sans mentionner de termes clés. Simon a d'abord pensé que le professeur avait oublié de dire quelque chose, mais il s'est ensuite rendu compte que le professeur s'en tenait à sa règle, dont il l'avait prévenu :
– Ne rien révéler à personne sauf les initiés.
7. Nice
Le calcul des paramètres techniques et économiques de la méthode résultante n'eut pas encore donné d'excédent, et le professeur hésitait à mener des expériences pilotes à grande échelle. Au lieu de cela, il envoya Simon et Ivita à une conférence internationale sur l’ingénierie génétique en France. C'était un cadeau pour eux. La semaine à Nice, où se tenait la conférence, était très remplie. Présentations et mise en réseau avec les meilleurs scientifiques du monde en matière d’ingénierie génétique, jusqu'à l'heure du déjeuner. Et puis un dîner aux chandelles et des promenades romantiques sur la promenade de Nice, où se promènent des amoureux venus littéralement du monde entier. Le couple s'est retrouvé seul pour la première fois dans une ville pleine de romance et d'amour. C'était le bonheur. L'alchimie qu'ils avaient eue lors de leur première rencontre s'est transformée en une réaction nucléaire. Pendant tout leur temps libre, ils étaient ensemble, sans se séparer, même dans leur sommeil. Mais l'amour est l'amour et les affaires sont les affaires. Le premier jour, ils ont rencontré Jean Paul à un buffet, un gars du meilleur laboratoire biologique français situé à Lyon, l'un des centres biologiques les plus importants du monde. Et autour d'un verre de vin, ils ont discuté des moyens les plus audacieux et les plus fantastiques du génie génétique pour sauver l'humanité. Jean Paul jetait des regards à Ivita et son éloquence était inépuisable. Ivita connaissait très bien l'anglais et leurs conversations étaient consistantes. Mais il y avait cette bise à la française en guise de salutation! Simon est devenu un peu nerveux le troisième jour. Ayant remarqué cela, Ivita commença à répondre exprès aux avances de Jean Paul pour exciter Simon par taquinerie. Et cette tension se libérait vraiment dans la chambre lorsqu'ils étaient seuls et que leurs gémissements amoureux étaient à peine noyés par le bruit des vagues de la mer. Mais l'aspect le plus attrayant et le plus intéressant de leurs réunions était que leurs discussions professionnelles sur les problèmes de génie génétique étaient exceptionnellement fructueuses. Paul était également un virologue enthousiaste et très compétent, plein d'idées. Il mentionna d'ailleurs que leur laboratoire était l'un des fondateurs du laboratoire de virologie de Wuhan, devenu célèbre après le virus COVID-19. Les jours de la conférence filèrent à toute allure. En se séparant, les habitants de Kharkiv se mirent d’accord avec Pohl de maintenir des contacts scientifiques et amicaux. Sur le chemin du retour, alors qu'ils discutaient des méthodes de modification génétique des bactéries, ils eurent une idée fantastique : modifier les micro-organismes avec des gènes provenant de protéines humaines pour augmenter le taux de croissance et la durée de vie des bactéries. Ils arrivèrent chez Tchaïkov avec l'idée directement de l'aéroport. Il saisit immédiatement l'idée et dit : "Bravo, l'idée est prometteuse. Le gène de la protéine humaine peut fortement stimuler la croissance de nos bactéries anaérobies et, apparemment, augmenter leur durée de vie. Je pense que l'on peut rapidement trouver des virus vecteurs pour modifier le génome bactérien. Mais voici ce qui m'inquiète. Nos bactéries chercheuses d'or, elles ne sont pas pathogènes. Mais quelle sera la nouvelle bactérie, celle, pour ainsi dire, avec le visage humain? Serons-nous capables de la maîtriser? »
Il regarda les visages enthousiastes des jeunes scientifiques et pensa : « Ce voyage semble leur avoir été bénéfique à tous points de vue. »
Et à voix haute, il ajouta :
« OK, permission de commencer l'expérience. Pas de précipitation, avec un contrôle total de toutes les étapes ».
8. La course pour le virus
Et la course aux résultats commença, littéralement. On examina tous les gènes humains disponibles et on sélectionna quelques virus vecteurs. Le mécanisme de modification des bactéries fut mis en route. Il fut défini au préalable que les gènes les plus propices à la modification des bactéries étaient ceux issus des cellules adipeuses et des cellules hépatiques humaines. Le processus de modification des bactéries fut lancé et il ne restait plus qu'à attendre les résultats. Afin d'accélérer le processus de modification des gènes, Simon appliqua la technologie CRISPR/Cas9 qui permettait d'obtenir le résultat en 4-5 semaines contrairement à la technologie habituelle utilisant des virus vecteurs AAV qui prend un an. Simon et Ivita eurent entendu parler de la nouvelle technologie CRISPR/Cas9 lors de la conférence et Jean Paul leur confirma ses avantages. Une fois le processus lancé, Simon, vêtu d'une combinaison de protection hermétique, se promenait entre les appareils et ronronnait la mélodie du groupe « Lamentations de Jérémie » :
–.. Ma fille triste, mon destin d'or...
Ivita souriait et a montrait à Simon à travers la vitre du masque qu'elle n'était pas triste. La pression émotionnelle liée à l'attente du résultat de la modification augmentait au fur et à mesure de l’approche de la fin. En conséquence, les chercheurs perdirent l’appétit, leur envie de s'amuser disparut et même lorsqu'ils discutaient ensemble, leurs conversations tournaient autour du microcosme des bactéries invisibles. Simon essaya de trouver les raisons de cette soudaine dépression :
« Quel est le problème? L'expérience est l'expérience, ce n'est pas la première fois. Si ça marche, tant mieux, si ça ne marche pas, le résultat sera le même. » Mais en même temps, il réalisait qu'ils croisaient pour la première fois des bactéries avec le génome humain, en utilisant la technologie accélérée CRISPR/Cas9. C'est plutôt fringant. Aucun d'entre eux ne connaît l'ensemble des propriétés du résultat. Le chef déclara également que les partenaires sont intéressés par l'affaire. Ils apprirent par quelqu'un d'autre qu'une procédure accélérée était lancée.
9. CUPRIA VIDUSEXHU
5 semaines plus tard, une bactérie sorbante avec un taux de reproduction extrêmement élevé fut synthétisée. Elle fut nommée CupriavidusExHu. Il fut immédiatement clair que la bactérie était extrémale. Car après la synthèse, même pas une heure plus tard, les flacons étaient pleins de colonies bactériennes. Littéralement remplis à ras bords, et leur croissance ne s’arrêta que lorsqu’il ne restait plus d’eau de mer et lorsque les surfaces intérieures des flacons furent entièrement recouvertes d'un film doré. Tout le monde fut surpris par la vitesse de croissance et de la vitalité de la nouvelle bactérie et même un peu effrayé. Quand Tchaïkov découvrit les propriétés de la nouvelle bactérie, il s' alarma lui aussi et dit quelque chose comme :
– On dirait qu'on a gagné un jackpot.
Et le soir, lors d'une autre réunion, Tchaïkov donna l'ordre de développer un antidote pour la bactérie humaine, juste au cas où. Deux mois plus tard, un virus bactériophage fut mis au point pour empêcher CupriavidusExHu de se multiplier et de se développer dans le corps humain. Il fut codé comme UnCuExHu. Sur l'insistance de Tchaïkov, toutes les personnes impliquées dans la modification génétique à Buckmet furent inoculées avec l'antidote. Ce n'est qu'après cela, malgré une certaine inquiétude, que Tchaïkov donna l'ordre de préparer une expérience pilote.
10. Première expérience
La société loua un petit chalutier de pêche avec 4 cabines dans le port d'Odessa pour une expérience sur le terrain. Un ruban multicouche en tissu imprégné d'inhibiteur fut préparé. La bande, de 40 cm de large et de 200 m de long, fut enroulée sur une bobine. Tchaïkov, Simon, Ivita participaient à l'expédition. L'équipage du navire se composait de 3 marins. Le chalutier était loué pour trois semaines. Mais personne ne pouvait dire exactement combien de temps l'expérience durerait. Le 21 août 2021, le navire entra en haute mer. La mission de voyage du navire indiquait une étude de la composition chimique de l'eau dans les eaux de l'île Zmeïnyï. Aucune personne extérieure ne connaissait le but de l'expérience. Le chef dit à Simon que les partenaires avaient déjà réservé des chambres dans un hôtel de la banlieue d'Odessa et attendaient les résultats. Après six heures de navigation, ils ont commencé à imbiber le ruban de tissu avec une solution de bactéries d'un côté famille Delftia acidovorans et de l'autre famille CupriavidusExHu et à immerger dans l'eau. Après une demi-heure de navigation au ralenti, les 200 mètres du filet destiné à la de pêche en or se trouvaient plongés dans les abysses de la mer. Le navire arrêta le moteur. Le seul instrument permettant de contrôler le processus était d’appareil mesurant la tension du tissu, c'est-à-dire son poids. À l'endroit de l'expérience, la mer était profonde d'environ 200 mètres. Par conséquent, la bande de tissu était suspendue dans l'eau. Après avoir lancé une canne à pêche à la recherche d'or, les participants à l'expérience s’attelèrent à préparer un dîner marin, car personne n'eut mangé de la journée. Ivita courait régulièrement pour vérifier les résultats du dynamomètre. À peine finirent-ils de manger le gros flet qu'Ivita, courant une fois de plus vers la jauge, dit que le poids de la canne eut commencé à augmenter. Simon et Tchaïkov sursautèrent sur les mots :
« Ça ne peut pas être aussi rapide ».
Mais il s'avéra que c'était possible. Le poids de la canne augmenta de 400 grammes. Et ça, c'est en cinq heures de pêche au métal. Tout le monde était stupéfait. Le prudent Tchaïkov dit :
– Eh bien, peut-être que c'est quelque chose qui est ramassé.
Les jeunes restèrent silencieux, mais Simon pensa:
– C'est parti.
Les marins du navire ne comprenaient pas pourquoi ces scientifiques regardaient un appareil et étaient de plus en plus excités. Et il y avait de quoi être excité. Le poids augmentait d'heure en heure. À la tombée de la nuit, il atteignit 4 kilogrammes. Tchaïkov dit qu'il serait nécessaire d'être de garde autrès de la canne à pêche durant la nuit, juste au cas où. Comme le tissu ne pourra pas contenir plus de 200 kilos. Simon et Ivita se regardèrent.
« Est-ce que nous avons mis le doigt sur la technologie commerciale? demanda Simon.
– On dirait, répondit pensivement Tchaïkov, nous récupérerons la canne à pêche dans la matinée. De grandes choses nous attendent ».
Simon et Ivita décidèrent monter la garde ensemble toute la nuit. La nuit était magnifique, le ciel noir sans lune était parsemé d'étoiles. Parfois, des lignes lumineuses d'astéroïdes en feu striaient le ciel. De temps en temps, une série de satellites Star Link d'Elon Musk flottait dans le ciel. Simon et Ivita se sont serrés l'un contre l'autre sur les matelas chauds de la terrasse. Ils regardaient le ciel cosmique et il leur semblait que le temps s'était arrêté, que l'éternité était arrivée, que ce serait toujours aussi bon. Au matin, ils s'endormirent sans être dérangés par le balancement du pont et le bruit des vagues de la mer. Le professeur, qui n'avait pas bien dormi, est sorti à l'aube pour regarder les hommes en service et en même temps l'instrument. Il a regardé deux des officiers de service, regardant le sommeil dans l'étreinte, puis l'appareil. Il n'a pas pu garder le silence quand il a vu la prise de 7, 5 kilogrammes. Son exclamation a réveillé les hommes de garde, qui ont eux aussi fixé la balance avec stupéfaction.
– Ce n'est pas possible, " Ivita fut la première à répondre et répéta les mots du professeur de la veille :
– Nous avons gagné un jackpot.
Les scientifiques se mirent à parler à voix haute, discutant des options possibles, car ils connaissaient très bien le fonctionnement des bactéries absorbantes. Celles-ci récupèrent le métal d'une solution aqueuse, littéralement atome par atome. Et le professeur a rapidement estimé la quantité de bactéries nécessaire : pour collecter 7, 5 kilogrammes d'or, il faut une quantité d'au moins 1x1026 de bactéries. Il a fallu environ 1x1015 bactéries pour imprégner le tissu. Ainsi, le taux de reproduction (comme il l'a appelé) de la bactérie artificielle dépassait le taux théorique possible d'un facteur 100. Comme l'a dit le professeur, il a estimé au minimum. Et il a fait un bref résumé :
– Cela signifie, mes chers inventeurs, que vous avez créé une bactérie avec les gènes de cellules humaines qui se multiplie à une vitesse vertigineuse dans l'eau de mer et se porte très bien en collectant de l'or. Combien ça a augmenté de combien depuis que nous parlons? Oh, encore 110 grammes de plus. Bien, prenons un thé et sortons la canne à pêche.
Le professeur avait l'habitude de boire du thé vert le matin nonobstant les circonstances. Ivita a fait infuser le thé vert chaud et le et servit avec des biscuits et des noix. Une demi-heure plus tard, l'équipe observa avec stupéfaction Simon commencer à enfiler une toile métallique jaune sur le tambour. Le tissu se déformait, se pliait et craquelait. Au final, on obtint un rouleau d'environ un mètre de diamètre. L'équipage a regardait avec étonnement, mais n'osa poser aucune question, car il avait été strictement averti à terre de ne pas perturber l'expérience. Une première inspection a révélé que le tissu s'était transformé en une feuille d'or avec une surface rugueuse et une épaisseur inégale allant de 1 à 5 millimètres. Il n'y avait aucun doute que c'était de l'or. Mais, conformément au protocole, on a examiné l’or à l’aide d’une sonde : c’était de l'or de grande pureté.
–Les bactéries ne prennent pas les autres métaux, dit Simon en rigolant.
Une excitation inhabituelle s'est emparée du trio : c'était un résultat incroyable. Tchaïkov regarda les jeunes gens pleins de vie et fur envahi par des pressentiments confus :
– D’une part, ils ont fait une découverte majeure, de l’autre, cela ouvre la porte vers une ruée vers l'or et personne ne sait comment celle-ci se terminera.
L'esprit du professeur était rempli de sombres pensées issues de l'expérience des années passées. Mais Tchaïkov chassa les mauvaises pensées pour un temps et se livra avec les jeunes gens à l'étude joyeuse de l'incroyable résultat de leurs travaux.
Ils ont passé un autre jour sur le bateau à étudier et à discuter des résultats de la pêche à l'or. Le fait de recouvrir d'or toute la longueur de la canne à pêche a confirmé que le métal était présent dans toute la profondeur de la mer, mais pas de manière uniforme, ce qui pourrait être dû à la répartition de la température dans l'eau. La dépendance de la température par rapport à la profondeur devra encore être étudiée, bien que cela ne soit pas très significatif. La feuille s'est avérée poreuse et un effet de flottaison de la feuille a même été détecté. Certaines sections très fines de la feuille ont pu flotter grâce à des pores remplis d'air.
11. Le début de la ruée vers l'or
Il s'avéra par la suite que c'est la flottabilité de la feuille d'or qui détermina le sort non seulement de cette invention, mais aussi celui des gens de toute la planète. Mais n’anticipons pas.
Le lendemain, ils dirigèrent le chalutier vers la côte, où leurs compagnons les attendaient déjà. Le professeur a informés ces derniers qu'il avait obtenu un résultat leur a demanda d'envoyer une camionnette sur la jetée. A la question étonnée : « Pourquoi le camion? », Tchaïkov répondit qu’il avait été pêché un gros poisson. Sa blague n'a pas été très bien comprise, mais ils ont promis d'envoyer un pick-up. Lorsque le camion s'arrêta devant un petit hôtel dans la banlieue d'Odessa, tous les compagnons se tenaient au seuil de l’hotel pour saluer l'expédition. Ils regardaient avec étonnement le déchargement d'un grand cylindre, emballé dans une feuille d'aluminium et ressemblant à un baril. Le cylindre fut apporté dans le sallon placé au centre de la pièce. Tout le monde s’assit autour. Tchaïkov laissa comprendre qu'une tasse de thé serait la bienvenue et on servit avec des excuses tout ce qu'on étaient censés apporter pour accueillir un invité de marque. Naturellement, Efim, Topyguine et Ratine étaient impatients d'entendre et de voir les résultats de l'expérience pilote. Et ils l'ont, bien sûr, vu. Le cylindre fut soigneusement déballé et un grand paquet enroulé de feuilles jaunes rougeâtres apparut devant les convives. Pourquoi c'est jaune virant au rouge sang? Seuls ceux qui avaient vu de grands lingots, des feuilles ou des morceaux d'or pur pourront comprendre cela. Eux seuls connaissent cette couleur. Bien que les copropriétaires de Bukhmet aient essayé de cacher leur excitation, il était clair qu'ils avaient perdu la tête depuis un moment. Ils ont touchaient, caressaient et froissaient la feuille d'or. Ça a duré environ 10 minutes. Puis tout le monde se calma et le professeur commenca à raconter les détails de l'expérience:
– Nous avons inventé, développé, découvert un nouveau type de bactéries qui se multiplient à une vitesse énorme, absorbent les ions d'or et les déposent sur un support. Personne d'autre au monde ne possède ce type de bactéries.
Il désigna le cylindre avec sa main.
– En une journée de travail, nous avons obtenu environ 10 kilogrammes d'or pur. Sur un tissu polymère d'environ 80 mètres carrés. C'est à peu près la taille de cette pièce. Maintenant, le tissu doit être mis dans un four à une température d'environ 1000 C et nous obtenons un lingot d'or pur.
Les gangsters écoutaient en silence, le visage tendu.
– Les experts estiment que les océans du monde contiennent, selon des estimations prudentes, environ 1, 5 trillion de tonnes d'or. Cela représente mille milliards de tonnes ou un million de millions de kilogrammes d'or. Cet or pourrait recouvrir la Terre entière d'une couche d'or d'un demi-mètre d'épaisseur.
Les visages des partenaires montraient clairement qu'ils n'étaient pas très doués pour les grands chiffres, mais les tonnes d'or ont fini par les toucher, ils ont commencé à compter quelque chose sur des calculatrices, mais les chiffres ne rentraient pas dans la calculatrice et ils étaient nerveux :
– Attends, prends ton temps, combien de tonnes as-tu dit?
Mais Tchaïkov continuait :
– Si nous lançons dans la mer un filet d'une superficie 100 fois supérieure à celle de notre canne à pêche, nous pourrions extraire environ 10 tonnes d'or par jour.
Ces mots ont eu l'effet le plus fort sur les partenaires. Efim s'est levé et a commencé à marcher dans le hall :
– Vous imaginez, dix tonnes, dix tonnes, tous les jours. Rat, va chercher du whisky pour fêter ça", dit-il de manière familière à l'officier de police.
Il était évident que Ratine n'était pas le premier violon de l'entreprise.
Topyguine se frottait déjà les mains :
– 50 millions de billets verts par jour, je ne crois pas que vous puissiez exprimer ça. Efim, Rat, vous vous rendez compte de ce que c'est?
12. La fête troublée
Tous ont reçu des verres de Hennessy, qui a remplacé le whisky, et on trinqua pour le succès de l’entreprise. Alors que Tchaïkov et les scientifiques n’avaient pris qu’une gorgée, leurs partenaires en était déjà au deuxième verre. L’excitation masculine prenait de l'ampleur. Avant que les partenaires de Tchaïkov ne se versent un troisième verre, il releva un autre point :
– Nous devons décider comment nous allons légaliser les affaires. Il se trouve que nous tombons sous la juridiction internationale. Et il serait probablement judicieux de faire de notre entreprise une société par actions avec un actionnariat de notre pays. L'Ukraine devrait recevoir des dividendes politiques et matérieles.
Les propos de Tchaïkov ont visiblement troublé la joie des mineurs d'or. Efim, dégrisé, répondit sèchement :
– Allez, Prof. Ne t'avance pas trop, on décidera de tout ça tranquillement demain. Nous nous assurerons que tout soit au point.
Et il renversa un verre de cognac dans sa bouche. Il faut noter que les propos de Tchaïkov sur la légalisation de l'affaire n'ont pas plu à ses compagnons. Ivita, quant à elle, se sentait mal à l'aise en écoutant les paroles grossières des hommes ivres. Elle s'est instinctivement approchée de Simon. La bouteille d'un litre d'Hennessy a été rapidement vidée. Les partenaires ont voulu continuer à fêter pour de vrai et sont allés au restaurant. Le type du SBU fut chargé de la surveillance de l'or. Tchaïkov, Simon et Ivita partir pour se reposer. Le lendemain, les compagnons, qui avaient très peu dormi, montèrent dans deux jeeps et partirent pour Kharkov avec leur butin. Les membres de l’équipe de Tchaïkov partirent dans la troisième jeep. Avant le départ, ils convinrent de se revoir à Kharkiv afin de résoudre toutes les questions. À Kharkiv, Ratine reçut Tchaïkov dans un cadre informel et l’informa qu'Efim et Topygine n'étaient pas les ultimes bénéficiaires de l’activité de Bakhmet. Et à cause de cela, il y eut un grand désaccord dans le groupe des bénéficiaires de l'ombre et ceux officiel au sujet du schéma de distribution et de légalisation des futurs bénéfices extraordinaires. Et Ratine laissa entendre que les choses pouvaient mal tourner et qu’il fallait rester extrêmement prudents.
– Que voulez-vous dire par "prudent"? – demanda le professeur.
– Ne vous engagez pas dans des discussions ou des négociations avec les membres de l’équipe en tête-à-tête.
Tchaïkov transmit cette information à Simon et à Ivita et leur demanda de mettre temporairement les appareils en mode de veille ainsi que d'activer la conservation automatique de leurs petits microorganismes. Les thermostats contenant les colonies bactériennes étaient cryptés ; seuls Tchaïkov et Simon avaient les codes. De plus, il demanda à Ivita de dormir pendant quelque temps chez une amie. Voilà tout.
13. La fièvre de l'or mortelle
Les pensées de Simon retournèrent à ce matin terrible.
Simon sursauta lorsque son téléphone portable se mit à vibrer. Il vit « Ivita » sur l'écran et s'en réjouit :
– Bonjour, chérie", dit-il, mais s'est arrêta net en entendant une voix inhabituelle d'Ivita.
– Ce n'est pas Ivita, – dit la voix étrangère et continua
– Simon, nous sommes des hommes d'action et nous ne voulons pas perdre de temps sur des broutilles.
– Qui êtes-vous?
– Nous sommes des amis de Efim. On a ta nana, elle va bien. Mais elle restera intacte seulement si vous nous montrez comment réactiver vos microbes.
Simon resta silencieux, digérant ce qui était dit. De l'autre côté, son silence fut compris :
–Nous avons vos casseroles. Alors bouge-toi si tu veux que ta meuf soit en vie. Une voiture vient te chercher tout à l’heure. Et ne tente rien si tu veux rester en vie, toi et ta nana.
L'écran du téléphone s'est éteint.
Une pensée traversa l’esprit de Simon comme un éclair, « L’agent du SBU ». Simon composa son numéro : « Le numéro que vous venez de composer ne peut pas être joint pour le moment ».
– Allez, pas de panique. Tout va bien se passer – se dit Simon en s'habillant.
Quelqu’un claxonna à l’extérieur. Simon regarda par la fenêtre : c’était la voiture habituelle de Efim.
– A-t-il vraiment pété un câble? Que s'est-il passé? – Simon monta dans la voiture dont il ne connaissait pas le conducteur.
La voiture tourna et Simon referma les yeux pour mieux réfléchir sur la situation :
– C’est incroyable, nous sommes au XXIème siècle, à l’ère d’ordinateurs, de satellites, de bitcoins, et là, je suis en plein milieu d’un polard de bas de gamme. Prise d'otages, chantage, menaces. Rien ne change sous la lune. Tout ce qu'ils veulent, c’est la même chose, comme toujours : de l'argent, de l'or. Probablement j’ai affaire aux bandits de l’ancienne école qui ne font confiance ni aux ordinateurs ni aux bitcoins. »
Et il n'avait pas tort. La voiture s'arrêta devant un beau et grand manoir dans le village de R. Lozovaya. Derrière une haute clôture, dans la cour, Simon vit une grande table avec leurs thermostats posés dessus :
– D'où viennent-ils, se demanda Simon avec stupéfaction.
– Ne sois pas surpris, nous pouvons tout obtenir quand nous en avons besoin – dit un petit homme en costard voyant le regard surpris de Simon. Il était assis dans un fauteuil tandis que les autres se tenaient debout. Parmi les hommes présents, Simon reconnut seulement Topyguine de Bakhmet. Ce dernier gardait un silence maussade.
– Écoute, petit malin, poursuivit l'homme en costard. Tu nous montres juste ce qu'il faut faire avec ces pots, tu sais, pour qu'ils puissent nous faire de la bonne soupe épaisse. Et puis vous allez rentrer chez vous, toi et la jeune fille. Mais attention, si la cuisson de la soupe ne démarre pas, c’est vous qui serez cuits, vous ne pourrez pas nous échapper. Montre-lui la nana.
Une porte s’ouvrit et Simon vit Ivita. Elle le regardait en silence.
– Tu es en vie? – cria Simon. Ivita hocha la tête. Elle avait l'air effrayé.
– Je veux qu’elle vienne à côté de moi", dit Simon calmement, s'empêchant à peine de crier. Son ton calme a dû produire son effet et l'homme au costard hocha la tête. On amena Ivita. Simon prit sa main, elle était froide. Ivita bougea à peine ses lèvres :
– Je t'aime.
Simon comprit immédiatement ce qu'il fallait faire. Il installa les thermostats sur une table, sur laquelle une feuille de plastique avait été posée à l'avance. Grâce aux codes, il identifia les familles de bactéries ainsi que l'inhibiteur. Il expliqua aux bandits dans quel ordre appliquer les solutions.
– Et c'est tout? Tout simplement? Demanda le chef
– Oui, c'est tout. Vous devez rajouter de l'eau de mer dans les thermostats pour permettre aux bactéries de se multiplier.
– Bon, d'accord, cette technologie me plaît. C'est comme dans l’histoire de la lampe d’Aladin. Nous allons l’utiliser demain. Topyguine, ramène les ingénieurs chez eux.
Quand ils se sont un peu éloignés de la villa, Simon ayant repris ses esprits, demanda à Topyguine :
–-- Topyguine, qui est cet homme? Et où sont Efim et Ratine? " Ce dernier resta silencieux, puis a répondit :
– Cet homme est, dans vos termes, le président, seulement seulement c’est le président de l'ombre. Il contrôle dix pays et son empire ne possède aucune frontière. Et tu devrais prier pour que la soupe cuise bien", dit Topyguine en guise d’adieu. Lorsque Simon et Ivita se sont retrouvés seuls, Ivita s’est mise a pleurer et serra Simon très fort dans ses bras :
– Simon, j'ai peur. Ces gens sèment la mort. Et que sont devenus mes parents?
Simon caressa la tête de la jeune fille comme si elle était un enfant et a dit doucement :
– Tout va bien se passer, tout va bien se passer.
Ivita sanglotait et Simon sentait que sa propre chemise était trempée par les larmes de son amie au niveau de sa poitrine. Quand Ivita se calma un peu, elle alla dans la cuisine pour préparer son thé vert préféré. C'était la seule chose qui rétablit le métabolisme perturbé de l’homme. Simon tenta de joindre le professeur, puis Ratine et Efim, mais tous étaient injoignables. Seul son copain Denis de la police criminelle décrocha :
– Bonjour, tu peux venir?
– Salut, OK, je serai là dans une heure.
14. Les services de renseignement font montre de passivité
Denis arriva comme promis. Il apporta des nouvelles glaçantes et déroutantes. Le professeur et sa femme étaient vivants, mais se trouvaient dans un état grave, de plus, ils étaient sous surveillance. Deuxièmement, il y a deux jours, il y eut un banquet de criminels au restaurant « Okolitsa », dans la banlieue de Kharkiv, qui s’acheva par une fusillade qui a fait beaucoup de morts. Simon regarda Denys étonné :
– Pourquoi m’en parles-tu?
– Par ce que tous vos compagnons d’affaires se trouvaient là-bas. Et le seul qui a survécu c’était Topyguine qui faisait partie de la bande de Mogol.
– Qui est ce type?
– C'est chez lui que vous étiez emmenés l’autre jour. C’est l’une des trois autorités de la CEI. C'est lui qui a donné la majeure partie du financement pour vos recherches et expériences. C'est la seule fois dans sa vie criminelle qu'il a dépensé l'argent du fond commun de placement pour on ne sait quoi, sur la confiance. La raison de ces dépenses d’argent était le mot "or" émané de la bouche de Ratine. Efim et Ratine, quant à eux, viennent d'un autre monde semi-criminel de fonctionnaires et de l'exécutif. Tant qu'il n'y avait rien à partager, tout se passait bien, mais lorsque votre patron promis des millions de tonnes d'or gratuit, ils sont devenus complètement fous. Mogol a décidé qu'il allait diriger le monde. Qu’il achètera tous les députés et fonctionnaires de Russie et d'Ukraine avec leurs tripes. Tout comme le président de Moscou les achète maintenant. Au fait, lui et Mogol se connaissent assez bien. Mais Mogol a vraiment perdu la boule à cause de ces sommes, car de tels chiffres produisent sur lui comme une hypnose magique.
– Et toi, d’où tu connais tout cela?
Denis regarda Simon avec attention, comme s'il l'examinait, et dit :
– Il y a autre chose que je dois te dire.
15. Les services de renseignement font preuve d’initiative
Puis il a regardé Ivita, qui tenait la tasse de thé chaude dans ses mains.
– Nous devrons mener à bien ensemble cette entreprise, qui s'appelle « l'Opération d’élimination des ennemis de la sécurité nationale de l'Ukraine".
– Qui nous? Denis, qui es-tu au juste?
– Je suis un agent de l'un des départements de contre-espionnage du SBU. Ce département identifie les ennemis de l'Ukraine qui veulent s'emparer de la technologie de Bakhmet et la faire sortir d'Ukraine. Nous avons déjà surveillé le colonel Ratine et certains de ses subordonnés dans le cadre d'autres affaires. Mais lorsqu'il contacta votre chef et a commencé à financer des recherches avec l'argent des gangsters, la compagnie Bakhmet est entièrement passée sous notre surveillance et sous notre contrôle.
– Mais je croyais que tu travaillais dans la police.
– C'était une parade.
– Tu étais donc au courant de l’avancement des recherches et même des résultats?
– Non, nous avons pleinement cru et réalisé l'importance de votre technologie uniquement après l'expérience dans la mer Noire.
– Peut-être que les marins du chalutier étaient aussi les vôtres?
– Oui, l'un des marins était un membre de notre personnel. D'ailleurs, il est tombé malade après l'expédition. Les docteurs ne parviennent pas à identifier sa maladie, mais son foie était très enflé.
16. Une piqure d’or
Simon regarda Ivita :
– Iva, ça doit être notre bactérie humaine. Nous devons injecter le vaccin tout de suite. Denis, nous avons besoin du vaccin maintenant. Pouvez-vous leur dire d'administrer l'antidote?
– Bien sûr que je peux. Il est à l'hôpital de Kharkiv en ce moment. Que dois-je dire aux médecins?
– Tu n'as pas besoin de dire quoi que ce soit maintenant, ils ne comprendront pas ou ne te croiront pas. Crois-moi, il faut lui administrer le vaccin que je te donnerai. Sinon, il mourra.
– OK, faisons comme tu dis, je te fais confiance. On lui injectera le vaccin sous ma responsabilité. Donne-moi le médicament. Il y a une voiture en bas, je le transmets, et ensuite, on continuera la conversation.
Simon sortit du frigo une bouteille étiquetée « UnCuExHu ». – Il y a trois doses ici, garde-les au réfrigérateur.
Denis prit le médicament et sortit rapidement de l'appartement, composant un numéro sur son téléphone en marchant
Simon mit son bras autour d'Ivita :
– Comment tu vas?
– Je suis de nouveau inquiète. Nous somme de nouveau entre deux clans : celui des bandits et celui des services de contre-espionnage. Comme entre deux – Ivita cherchât le mot – entre deux étaux en fer.
– Ivita, chérie, je fais confiance à Denys. Lui et moi sommes des amis proches depuis le lycée. Puis nous sommes allés dans des universités différentes, et on s’est perdus de vue pendant quelques années. Maintenant, je comprends mieux pourquoi. J'ai confiance en lui et dans les mots qu'il prononce, nous résoudrons les problèmes ensemble.
Denis revenint cinq minutes plus tard.
– Encore des nouvelles : notre employé malade de l'équipage du chalutier rapporte que les pêcheurs locaux ont commencé à parler de traces jaunes incompréhensibles dans l'eau, qui sont apparues près des eaux de l’Ile aux serpents. Ce ne serait pas votre prise qui ferait surface là-bas?
– Incroyable, ce n'est pas possible – Simon regarda Ivita. Celle-ci gardait silence, pensive.
– Ok. Nous discuterons de ce qu'il faut faire demain. Aujourd'hui, la bande de Mogol réfléchit aux endroits où lancer leurs cannes à pêche pour récolter de l'or. Simon dis-moi, que peuvent-ils faire?
– La technologie elle-même est simple, le secret réside dans les bactéries présentes dans les thermostats. Je ne comprends pas comment ils ont obtenu ces conteneurs.
– Un des employés de Bakhmet a été racheté par Topygine et a volé les conteneurs sur leur commande. Mais expliquez-moi de quel genre de maladie souffre notre employé.
– Il peut s'agir d'une maladie infectieuse très dangereuse si elle commence à se transmettre d'homme à homme. L'une de nos bactéries possède un gène de protéine hépatique humaine et notre patron s'inquiétait du fait que notre bactérie pourrait s’avérer pathogène pour l'homme. Visiblement, il avait raison. Nous avons développé un antidote pour cet agent pathogène et nous devons commencer à le produire en masse. Quoi qu’il en soit, pour l'instant, on ne sait pas vraiment comment votre collègue a été infecté, comment la bactérie l'a atteint. Mais un antidote est nécessaire dans tous les cas. Au fait, je n'ai pas vu cet antidote chez les bandits ; je ne pense pas qu'ils en savent quoi que ce soit.
– OK, OK, j'ai compris, on continuera demain. Vous serez sous protection secrète. Au revoir, à demain.
17. Tout l'or du monde
Simon et Ivita ont été très impressionnés par la conversation avec Denis. En dehors de l'affaire des bandits, Simon était surtout intrigué par l'information sur les traces jaunes dans l'eau. Si c'est un film d'or, cela signifie que les bactéries Delftia acidovorans et CupriavidusExHu ont commencé à se multiplier et à s'entraider sans hostilité. Visiblement, l'espace maritime libre leur permit d'agir de concert en respectant une distance de sécurité. Si tel est le cas, un processus incontrôlé de synthèse d'un film d’or sur la surface de toute la mer pourrait commencer. Simon et Ivita buvaient le thé vert et ne discutant du type de mécanisme pouvant être utilisé pour contrôler un tel processus. Simon repensa à ce que Tchaïkov lui avait dit pendant la dernière étape de la synthèse bactérienne :
– Il est important de ne pas laisser le génie sortir de la bouteille. Comme ce fut le cas une fois à Wuhan.
– Le chef voyait les choses à une plus grande échelle que nous. Il nous manque beaucoup. J'espère qu'il sera bientôt de retour parmi nous.
Ivita a regardé Simon avec reconnaissance. Ils ont passé le reste de la journée à la maison et se sont endormis tôt dans un sommeil agité.
18. Les bactéries enragées
Le lendemain, les événements ont commencé à se dérouler à la vitesse de la reproduction des bactéries humaines CupriavidusExHu. Denis déclara que l'affaire prit une dimension internationale et que le chef de l'opération demanda à Simon de préparer une description détailée du processus et des menaces qu'il représente. Il annonça que Mogol, utilisant ses relations avec la mafia italienne, décida de commencer une collecte de métal à grande échelle dans trois endroits de l’Océan mondial : près des petites îles inhabitées de Berezan dans la mer Noire, des îles de Bugio dans la mer Méditerranée et de l’île Lampione dans l'océan Atlantique. Sous couvert d’excursions touristiques, de petites expéditions avec des yachts et du matériel ont été déployées sur les îles. Un collaborateur vendu de Bacmett forma les futurs exploitants de mines d'or. Par ailleurs, cet employé était discrètement présent lors de la réunion de Simon avec Mogol, comme Simon l'a découvert plus tard. Mais dans l’état où il était, Simon ne remarqua pas grand monde. Et deux semaines plus tard, 12 yachts et chalutiers de pêche étaient en mer pour lancer leurs cannes à pêche, à raison de quatre navires par chaque île. Malgré le grand nombre de personnes impliquées dans les opérations, il n'y avait pas de véritable information sur l'exploitation aurifère dans les milieux locaux. Sur ce point, les bandits se montrèrent meilleurs que certaines organisations secrètes. Quelques jours plus tard, la première récolte a commencé. Les premiers 180 kg d'or ont été fondus dans des fours sur les îles. Mogol visita personnellement les îles sur le yacht d'un oligarque russe, qui faisait partie du cercle restreint de Mogol et du président, le leader de toute la Russie. Mais tout cela n'était plus d'actualité. C'était le mois d'août 2021. Tous les participants du marathon d'or étaient de bonne humeur et avaient le sentiment avoir gagné le jackpot. Mais les humains n'étaient pas les seuls à être de bonne humeur et à avoir un tel sentiment. Le même était partagé par leurs ancêtres, les bactéries humanoïdes CupriavidusExHu. La vitesse à laquelle celles-ci se multipliaient augmentait à une cadence cosmique. Le joyeux mafioso avait à peine le temps de boire une bouteille de Chianti sur l'île portugaise de Lampione avant que les bactéries ne recouvrent une surface de 100 hectares d’un film d'or flottant. Il s'avéra qu'une partie de bactéries travaillait sur les cannes à pêche, alimentant la cupidité et l'avarice des pêcheurs criminels et brouillant leur vue et leur raison avec l'éclat des lingots d'or, tandis que l’autre partie, se multipliant à une vitesse cosmique, prit le large et recouvrait la surface des océans du monde d'une fine pellicule provenant de trois endroits. Ce sont ces zigzags dorés sur l’eau que les pêcheurs ont découvert près d'Odessa. Ces zigzags s’élargirent et rejoignirent le film d’or recouvrant les eaux aux alentours de l'île de Berezan. Le temps était inhabituellement chaud, et avec une température de l'eau de 25-28 C, les bactéries aiment à se reproduire. Et leurs activités sont devenues un sujet de discussion majeur, d'abord dans les médias locaux, puis dans les médias internationaux. La pellicule dorée s'est rapidement répandue en mer Noire, en Méditerranée, dans l'océan Atlantique et dans les océans Indien et Pacifique. Le spectacle était d'une beauté indescriptible : de l'eau dorée, des navires dorés, des bateaux dorés, des yachts dorés, des poissons dorés, des baigneurs dorés. Même les oiseaux aquatiques devinrent dorés. Les oiseaux ne l’apprécièrent guère car leur vol devint difficile et bientôt impossible. Mais quelle joie pour les gens – ils récupéraient de l'eau, la passaient à travers de la ouate, une couche ou un joint et ils obtenaient 100 grammes d'or. Seuls les paresseux ne ramassaient pas l'or de la mer ou de l'océan. Et l'or ne s'épuisait pas. Il continuait à flotter à la surface de la mer. Il scintillait et reflétait la lumière, voyant de tels effets optiques, les photographes et les artistes sont devenus fous de beauté. Et ils n'étaient pas les seuls. Des millions de personnes se rassemblent sur les rives pour observer le lever ou le coucher de soleil doré. Après le lever du soleil, ces mêmes personnes descendaient dans l'eau et ramassaient l'or avec les outils qu’ils pouvaient trouver. Certains sautaient dans l'eau avec leurs vêtements et en ressortaient en princes ou rois d'or ou en clochards d'or. Et les filles aux cheveux d'or sont devenues ordinaires. Une nouvelle mode apparut chez les amoureux : faire l'amour dans or, après le coucher du soleil, sur le rivage. Il est en or, elle est en or, et l'or tombe d'eux, tout étincelant au clair de lune. Des gens d'or ont commencé à vivre sur les rivages, et seuls leurs excréments leur rappelaient la vie terrestre ordinaire. Bien que certains d'entre eux avaient des particules dorées dans leurs excréments aussi. Les blogueurs et les tic-talkeurs du monde entier ont afflué vers les bords de mer. La série « squidgame » perdit tout son intérêt pour tout le monde, car tout le monde avait assez d'or. Les médias sont devenus fous eux aussi. Les propagandistes de Moscou, dépourvus de manuels d’instruction, ne savaient pas quoi dire, mais ayant ensuite repris leurs esprits, ils accusèrent les machinations des capitalistes et des banderistes ; puis, eux-mêmes, prenant l’exemple sur les foules, se sont précipitèrent vers les rives brillantes de la mer Noire. Là ils rencontrèrent le peuple, et s’empressèrent eux aussi de rassembler l'or pour un jour de pluie. Les tentatives des dirigeants d'introduit un impôt sur la collecte d’or ne rencontra aucun succès. C'était l'époque de la ruée vers l'or. Les troupes de Moscou en Crimée occupée ont pris les armes, attendant un combat pour l'or. Mais il y en avait tellement que tout le monde en avait assez. L'or poussait dans l'eau. Il y a eu de nombreuses occurrences inhabituelles et inattendues. Par exemple, certains pays qui avaient des sous-marins en mission de combat ont découvert après un certain temps que les sous-marins avaient embarqué beaucoup d'or qui non seulement flottait dans l'eau, mais se déposait aussi au fond. Une opération de sauvetage très inhabituelle a été lancée pour récupérer les sous-marins. Mais comme d'habitude, les sous-marins russes, ayant embarqué de 40 à 50 tonnes d'or, restèrent au fond près des côtes des puissances étrangères, pour toujours. Deux d'entre eux avaient des armes nucléaires. Le temps passera et, lorsqu'un journaliste occidental lui posera la question, le président russe répondera en souriant :
– Ils ont coulé.
C'est du déjà vu.
19. La planète dorée se couvre de la glace
Quelques mois plus tard, en l'automne, les caractéristiques objectives et globales de la vie dorée sur Terre commencèrent à apparaître. Les astronautes, regardant à travers les hublots, ne pouvaient pas se lasser de la planète aux reflets dorés. Mais ils ont été les premiers à signaler à la Terre que la température moyenne à bord augmentait légèrement. Ce n'était pas dangereux, mais ils constatèrent le fait du changement de température lié à la réflexion des rayons du soleil par la surface terrestre. Des rapports alarmants commencèrent à apparaître dans les médias portant sur le changement de la température moyenne des océans : celle-ci commenca à baisser, lentement mais sans interruption. Les océans ont cessé de recevoir l'énergie solaire en raison de la réflexion des rayons par le film d'or. Les océans sont les principaux accumulateurs de chaleur sur Terre. 90% de la chaleur est stockée dans les océans. Et c'est le changement de température dans les océans qui détermine la température moyenne de la Terre et de son atmosphère. Ainsi, dès que les océans se mirent à perdre la chaleur du soleil à cause de la réflexion de celle-ci par la pellicule d'or, le réchauffement planétaire fit place au refroidissement global. Le monde sous-marin fut privé à la fois de la chaleur mais et de la lumière du soleil. La situation pouvait encore être sauvée pendant un certain temps par de puissantes vagues d’océan qui déchiraient la pellicule d'or qui se refermait progressivement l'eau calme. En raison du refroidissement de l'eau des océans, c’ést l'espace océanique équatorial où la température moyenne était toujours plus élevée que dans les hémisphères nord et sud qui devint le principal habitat et espace de synthèse de l'or. Et de là, la pellicule d'or synthétisée se déplaçait lentement vers le nord et vers le sud, recouvrant les eaux froides des océans, qui en devenaient plus froides encore. Comme dit le professeur, il y a tellement d'or dans l'océan que la Terre pourrait être recouverte d'une couche d'un demi-mètre d’or. Et les bactéries travaillaient avec acharnement. Vers le mois de novembre, la plus grande partie de la surface de l’océan mondial était recouverte d'un film d'or réfléchissant.
20. Catastrophe glaciale
La température baissait rapidement, et finit par chuter de 20 degrés en moyenne. Dans l'hémisphère nord, en Europe et en Amérique du Nord, les thermomètres affichaient entre -10°C et 15°C. Les rivières et les mers se mirent à geler. La ruée vers l'or changea en la terreur de l'or. En décembre, la mer Noire et une grande partie de la mer Méditerranée ont gelé. Toutes les rivières et tous les lacs du continent gelèrent. Lorsque la température des océans équatoriaux Atlantique, Indien et Pacifique est descendue à 5 degrés, les bactéries s’arrêtèrent. Elles ne moururent pas mais simplement s’endormirent. La synthèse de l'or s'arrêta. Les vagues déchiraient peu à peu le film solide qui s’aggloméra en îles et coula. La température moyenne en décembre en Europe chuta jusqu’à -30-40 degrés Celsius. La même baisse fut enregistrée en Amérique du Nord. En Asie, la température tomba à moins 10-20°C. L'Afrique et le reste des continents gelèrent. Le monde n'était pas préparé à un tel hiver. Les systèmes de chauffage ne pouvaient pas faire face aux nouveaux défis et tombèrent en panne. Toutes les sources d'énergie était désormais utilisées pour le chauffage, y compris le charbon classique, le mazout, le bois de chauffage, etc. Toutes ces hydrocarbures brûlées augmentèrent considérablement l’émission des gaz à effet de serre, ce qui, malheureusement, n'augmenta la température de la Terre que très peu, de 2°C en moyenne. Greta Thunberg cette fois-ci resta silencieuse. Les entreprises à forte consommation d'énergie furent arrêtées pour un temps indéfini. Curieusement, les usines minières aussi. Le taux de change des crypto-monnaies s’effondra et atteignit presque le zéro. Personne ne le remarqua, à vrai dire, sauf les courtiers, car les bourses de produits financiers s’arrêtèrent également pour une durée indéterminée, jusqu'au nouvel ordre. La haute technologie se trouva également en danger. Les voitures électriques s’arrêtèrent à cause du gel des batteries. Les stations de téléphonie mobile ont commencé à fermer leurs portes pour la même raison. Les composants électroniques commencèrent à tomber en panne en raison des fortes variations de température, passant de -50°C à +20°C. Même les lignes électriques ne pouvaient pas résister aux variations rapides de température entre le jour et la nuit. Le monde gelait, les animaux mouraient, les plantes mouraient, les gens mouraient. Tous les problèmes disparurent, sauf celui du froid.
Dans ce contexte, le sort des mineurs d'or de Mogol n'intéressait plus personne, à l'exception des agents du contre-espionnage du SBU. Denys discutait régulièrement avec Simon au sujet du déroulement ultérieur de cette histoire. Les trois membres de l'expédition de Mogol, y compris lui-même et ses gardes de corps, tombèrent malades d'une maladie du foie inconnue. Chez ceux qui tombaient malades, le foie gonflait littéralement jusqu'à faire éclater leur corps et les gens mouraient dans la douleur. La maladie progressait rapidement, en deux ou trois jours tout au plus. Comme on établit plus tard, beaucoup plus tard, la bactérie créée par l'homme affecte en effet le foie humain en se nourrissant de l'albumine qu’il produit. Or, elle ne se nourrit pas de n'importe quelle albumine, mais seulement de l'albumine générée par le foie pour décomposer les molécules d'alcool éthylique. Autrement dit, la bactérie ne touche que les personnes qui boivent. Et où avez-vous vu un voyou qui ne boit pas? Ils sont donc tous morts couchés sur les tonnes de lingots d'or qu’ils eurent accumulés. Et les bactéries s'endormirent avec eux. Lorsque Bakhmet reprit son activité, après avoir nettoyé la Terre des bandits, la première chose qu'ils mirent en production fut l’antidote. Un fois sorti de l'hôpital, le professeur Tchaïkov, désormais boiteux, prit lui-même part à ce travail. Il raconta que les bandits lui demandèrent l’intégralité des de codes de bactéries et de modes de synthèse. Ils savaient ce qu’il fallait demander, car ils avaient avec eux un employé de Bakhmet, qui fut soit recruté par les bandits, soit se vendit de son propre chef pour gagner de l'argent dont, lui non plus, ne put profiter. On le trouva parmi les morts de l’entourage de Mogol sur l'île de Berezan. Apparemment, ils célébraient bien comme il faut leurs récoltes d'or. La formule de l'antidote fut transmise à Jean Paul à Lyon, puis grâce à la médiation du laboratoire lyonnais, à plusieurs usines biochimiques d’Europe qui lacèrent en urgence la fabrication en masse de l’antidote. Car hélas! il n'y a pas que les gangsters qui boivent de l'alcool, et beaucoup de gens ordinaires se mirent à exploiter l'or. Et en conséquence, beaucoup d’entre eux commencèrent à mourir d'une maladie de foie inconnue. La maladie était appelée cirrhose dorée parce qu'elle apparaissait chez les mineurs d'or. Six mois après les vaccinations de masse, la cirrhose dorée fut presque entièrement oubliée.
22. Un printemps sombre
Suivant le rythme habituel des saisons, la nature et l'humanité s'animent au printemps et attendent que cette période emmène un temps plus doux. Cette année 2022 fut marquée par les mêmes attentes habituelles. L'hiver le plus rude dans l’histoire détruisit l'économie mondiale, plongea le système financier dans une crise profonde, l'or fut dévalué et, avec lui, la plupart des monnaies s’effondrèrent. Dans de nombreux cas, l'inflation atteignit plus de 100 %. Les décès humains dus au froid, aux maladies connexes et à la famine atteignirent des chiffres insensés, notamment dans les pays sous-développés. Mais le pire, est qu’on n’avait pas la moindre idée comment sortir de la catastrophe qui s’abattit sur le monde. L'ONU ne faisait que compter les pertes d’argent et de vies. Et puis, le printemps arriva. La température moyenne était de moins 30-40 degrés. La nature était morte. Les gens n'avaient pas enlevé leurs vêtements d'hiver depuis six mois, de jour comme de nuit. Tout le monde était extrêmement épuisé physiquement et mentalement. Les adultes et les enfants effrayés tournaient avec espoir leurs yeux vers le soleil. Le printemps arriva, mais il faisait 40 degrés en dessous de zéro. Pas de semailles, pas de labourage. Les animaux de la forêt, entrés en hibernation pour l’hiver, ne se réveillèrent pas.
23. Survivre
Une ère de lutte pour la survie commença. Dans les pays développés, dans les villes, on se mit à distribuer les rations de nourriture provenant des réserves stratégiques. Dans les campagnes, les propriétaires prévoyants disposent d’habitude de réserves de nourriture autant pour les humains que pour les animaux: des légumes, des fruits, de la farine et même de la viande et du lard. Beaucoup essayèrent de cultiver des légumes dans les serres, mais les gelées sévères, ainsi que les coupures d’électricité fréquentes rendaient la production en masse impossible. Dans les pays économiquement faibles, la situation devint catastrophique, la famine faisait des ravages et les gens mourraient de faim en grand nombre. La criminalité augmenta, le banditisme, les pillages dans les villes devinrent monnaie courante, tandis que les gens continuaient de mourir de faim. L'ONU ne trouva aucune ressource pour venir en aide aux pays affamés. À Kharkiv, comme si c’était une ville assiégée, on commença à distribuer des portions alimentaires sur la base de cartes de rationnement. De nombreux problèmes se posèrent concernant les personnes déplacées, les visiteurs et les nouveaux arrivants. Comme c’était lors de la famine des années 30, certains villageois se ruèrent vers les villes où il y avait plus de nourriture dans les entrepôts. Mais contrairement à la terrible famine des années 1930, lorsque les paysans furent expropriés des dernières céréales et des dernières réserves et condamnés à mourir de faim, cette année, les paysans avaient davantage de denrées alimentaires. Et de nombreux citadins furent attirés par la campagne. Parce que dans les villes, la vie devint dangereuse. Des manifestations dégénérant parfois en bagarre et pillage éclataient régulièrement. La police ne parvenait pas à intervenir à temps. Dans le Donbas, une situation particulière est apparue sur le front. La vie sur les territoires occupés était un désastre complet. Traditionnellement, le Donbas est une région riche en charbon et en l'argent. La nourriture, quant à elle, y était depuis toujours importée. En Russie, les émeutes de la faim éclataient en chaîne l’une après l’autre semant le désordre politique et alimentant une colère contre Moscou. Parce que la Russie depuis toujours nourrissait Moscou, ainsi que quelques grandes villes. Les émeutes de la faim s'accompagnaient de pogroms, de pillages et entrainaient la perte du contrôle d’Etat sur le territoire. Et les habitants des régions occupées, ensemble avec les forces de l’ordre repoussèrent les envahisseurs et restaurèrent les frontières de l'Ukraine. Le gouvernement apprécia les actions de la population du Donbas et s’employa à pourvoir ses habitants d’un minimum vital. L'Ukraine considérée par beaucoup comme un pays agraire, fut pendant cette année difficile très avantagée. Dans l'ensemble, le chaos régnait dans la société humaine. Les pays développés peinaient à maintenir l'ordre. Dans le cadre de l'ONU se tinrent plusieurs conférences sur les changements globaux sur Terre. Dès la première réunion, le professeur Tchaïkov présenta les principales bactéries et virus utilisés pour extraire l'or de l'eau de mer. Mais ni pendant cette réunion, ni pendant les deux suivantes, il n'y eut aucune proposition réelle permettant inverser la dynamique globale de refroidissement en l’orientant vers le réchauffement.
24. AMOR VINCET OMNIA
Simon et Ivita, maigris, de nourrissaient grâce aux rations de Kharkiv, comme tout le monde. Ils dormaient souvent au bureau, où il faisait un peu plus chaud qu'à la maison, grâce aux appareils allumés. Ils dormaient sans enlever leurs vêtements d’hiver. Mais parfois, ils se déshabillaient et réchauffaient l'espace avec leur corps et leur respiration profonde. En mai, Ivita soudainement annonça à Simon, hésitante, qu'elle était enceinte. Ils se serrèrent dans les bras, se regardèrent sans savoir s'ils devaient s’en réjouir ou s’inquiéter.
– Nous devons rendre notre enfant heureux. – Nous avons créé ce cataclysme, nous devons le réparer", déclara Simon. – Je parle de l'or", ajouta-t-il.
– J'ai compris, " Ivita sourt faiblement. – tu sais, dans le dernier échantillon d'eau de mer qui a été prélevé sous la glace près du village Primorskoe, dans la région de Kherson, j'ai détecté une dynamique décroissante de reproduction de nos petites bêtes.
– Qu'est-ce que tu veux dire? Sont-elles devenues moins nombreuses?
– Oui, et je vais le mesurer aujourd'hui.
– Vas-y, je t'attends.
25. Les phages Sauveurs
Ivita se dirigea vers les microscopes pour prendre des mesures. Elle était partie pendant deux heures et demie. Simon commençait à être inquiet. Ivita arriva toute excitée :
– Nous devons appeler le professeur. La troisième prise de mesure a montré qu’il y a beaucoup moins de bactéries. On observe une tendance décroissante exponentielle. Et surtout, j'ai découvert la raison de leur disparition : un bactériophage se reproduit activement dans l'eau.
Tchaïkov entra très agité. Il colla son visage aux microscopes et passa environ une heure à tourner les manivelles. Puis il se mit à fredonner un air à peine déchiffrable :
« Le cœurs en or, Nous sommes à l'étroit dans la chambre, à l'étroit dans la ville, Le monde est une grande prison […] », on ne pouvait pas distinguer après, puis, suivait le refrain : « Qui enverra un rayon de lumière dans ce monde abandonné par Dieu? ».
Simon reconnut la chanson de Makarevitch "Le monde abandonné par Dieu".
– C'est un bon signe, pensa-t-il. Et il ne se trompa point. Tchaïkov décolla son visage maigre de l'oculaire du microscope :
– Je vous félicite. Après tout, notre monde n'est pas un monde abandonné. Nous avons un sauveur. C'est un Caudovirales, un virus à queue, en bref, un mangeur de bactéries. C'est celui qui va dévorer tous nos animaux dans cet échantillon en une semaine. Nous devons annoncer la nouvelle à votre Français. Je pense qu'il va rajouter quelque chose. Le soir même, un message fut envoyé à Jean Paul concernant le bactériophage qui fut découvert. Et les Kharkivins demandirent d’observer le comportement de ce bactériophage dans des échantillons d'eau de l'océan équatorial. Jean répondit immédiatement de façon laconique :
– Très intéressant. Nous sommes dessus.
Le jour suivant, sa voix s’adoucit :
– Nous sommes très enthousiasmés. Des colonies de Caudovirales avec un taux de croissance positif ont été trouvées dans tous les échantillons.
Et il envoya une description de l'ennemi des bactéries d'or, dans le style français léger :
Un bactériophage n'est pas un organisme vivant mais un nanomécanisme moléculaire. La queue du bactériophage est une seringue qui perce la paroi de la bactérie et injecte l'ADN viral, stocké dans la tête, à l'intérieur de la cellule. Et c'est tout, la bactérie est dissoute. Mais son comportement est intelligent et malin. S'il n'y a pas assez de victimes potentielles, c’est-à-dire de bactéries, àlors le bactériophage après avoir pénétré à l’intérieur de la bactérie ne déclenche pas immédiatement le mécanisme d'infection, mais continue à exister dans la cellule sous un mode passif. Dans cet état de phage, le virus peut persister longtemps, en passant par des cycles de division cellulaire avec le chromosome bactérien. Ce n'est que lorsque la bactérie commence à se multiplier activement que le cycle de dissolution de la bactérie devient actif.
– L'activité des phages est donc en retard sur celle des bactéries", résume Simon.
– Et maintenant que l'océan est encombré de nos bactéries dorées, le phage doit s’activer – s'exclama Ivita.
– Oui, confirma Tchaïkov, le seul obstacle à l'activité des phages est la basse température. Mais je pense que, dans les zones équatoriales, il doit déjà être actif.
Les paroles de Tchaïkov furent confirmées par les contes-rendus quotidiens du Français. Il indiquait que le long de la ligne équatoriale, où les températures se maintenaient à 5-10 degrés, c'était une véritable bataille. Le nombre de bactéries baissait rapidement. Cette nouvelle a naturellement fait les gros titres de l'actualité mondiale. Partout, on commenca à imprimer des images du phage-sauveur, qui ressemblait remarquablement à la fusée spatiale réutilisable « SpaceX » d'Elon Musk. Seulement un milliard de fois plus petit. L'auteur fut tellement surpris par cette similitude qu'il donna comme illustration l’image du phage sur [https://elementy. ru/nauchnopo-pulyarnaya_biblioteka/432141/Pozhirateli_bakteriy].
"
26. Été froid du 2022 donne de l’ espoir
L'été 2022 est arriva, il aurait été chaud si l'or n'eut pas chassé la chaleur. Cet été-là, il n’y eut aucune végétation sur Terre. Même les forêts restaient dénudées. Les champs étaient chauves, il n'y eut même pas de neige, car il n'y eut ni de pluie ni d'évaporation d'eau. Dans les pays développés, les gens pouvaient se nourrir des réserves de nourriture ainsi que des légumes cultivés dans les serres. Dans le reste du monde, les gens se vivaient grâce aux stocks de nourriture accumulés par les agriculteurs. Il n'y en avait pas assez pour tout le monde. En revanche, on ignorait complètement ce qui se passait dans d’autres pays, car il n'y avait pas d'information à ce sujet du fait que le pouvoir centralisé dans de nombreux pays s'était effondré. Le banditisme était endémique. Mais une étoile d'espoir s'est levée au-dessus de la Terre. La bactérie humaine se dissolvait dans l'océan, le phage la dévorait à une vitesse énorme. La synthèse de l'or diminuait également rapidement. Et en octobre 2022, il devint clair que la zone de l’océan recouverte par le film ne s’élargissait plus, voire commençait à reculer. Sans la synthèse d'or, le film resta sans alimentation et sans renouvellement, il se fissura progressivement et se figea en formant des ilots qui finirent par couler, ayant perdu leur flottabilité. L'océan s'ouvrit au soleil. Et déjà en hiver, la température de l'océan commenca à revenir à la normale dans la zone de l'équateur. Les Terriens durent lutter pour la survie face à un autre hiver terrible qui, de nouveau, apporta la famine, s'accrochant à une mince corde d'espoir et à une attente optimiste d’un retour de la chaleur. Et le phage Caudovirales ne trompa pas leurs espoirs. Et ce n'est pas seulement le phage qui n'a pas échoué, Evita elle non plus ne trompa les attentes.
27. Phoenix
En février, le couple informel eut un héritier, ce qui était à la fois particulièrement touchant et inquiétant. Simon eut beaucoup plus de travail à faire pour garder au chaud et nourrir la mère et le fils qui, comme un poussin, ouvrait souvent la bouche, exigeant sa part du gâteau. Bien sûr, le grand-père Tchaïkov était lui-aussi heureux et attentionné. Le bébé fut nommé Phoenix, marquant la renaissance de la vie sur Terre. Au début du printemps 2023, les températures commencèrent à augmenter rapidement, l'océan se débarrassa complètement de son film réfléchissant, se rechargea en chaleur et a régénéra son corps puissant. De minuscules particules d'or recouvraient son fond et ne faisaient que décorer le paysage océanique. Les semailles commencèrent avec beaucoup de retard, mais elles commencèrent. La nature amaigrie se mit à renaître. Au bout de deux ans de chauffage intensif, utilisant tous les combustibles disponibles, l'atmosphère terrestre s’enveloppa d’une couche de gaz a effet de serre sans précédent. Et c'est l’unique fois dans l’histoire où celle-ci joua un rôle positif augmentant le température globale de quelques degrés.
28. Un nouveau départ
Vers l'automne 2023, la température des océans et de l'atmosphère revint à la normale. Les conditions de vie dans différents pays reviennent également à la normale. Tout d'abord, on a commencé à compter les pertes sur la planète. Plus de 4, 5 milliards de personnes sont mortes de froid et de faim. Principalement en Afrique, en Asie, en Amérique latine et centrale. Presque tous les grands animaux sauvages sont morts, ainsi que de nombreux petits animaux. La zone forestière perdit environ un quart de ses arbres. Des ouragans incroyables rendirent inexploitable un quart des terres agricoles, la quantité d'oxygène dans l'atmosphère fut réduite à 19 %, un grand nombre de rivières, de lacs et de petits plans d'eau se desséchèrent à cause de la perturbation de la circulation de l'eau sur terre. Le monde d’insectes pratiquement disparut, suivi par celui d’oiseaux. La plupart des paysages de la Terre changèrent compétemment au point de devenir méconnaissables. Les virus montra qui est le véritable maître sur Terre.
29. Le début de la fin
Sur le plan social, les bouleversements furent tout aussi terribles. Dans de nombreux pays, les émeutes de la faim se soldèrent par des coups d'État sanglants et insensés. La Russie était déjà habituée à de telles émeutes. Comme en 1917, des provocateurs et des bandits ont fait descendre dans la rue des gens affamés sous le slogan "Volez les riches, il faut partager, les capitalistes sont des suceurs de sang, tout appartient au peuple" et les pillages se sont succédé. Beaucoup de gens sont morts. Dans la plupart des régions, le pouvoir a été pris par des groupes de gangsters, qui ont déclaré leur sécession de la Russie. Il y a eu des batailles particulièrement sanglantes à Moscou. Le président et ses acolytes se sont cachés dans les bunkers et donnèrent l’ordre :
–Tuer tout le monde.
Mais bientôt, il n'y avait plus personne pour exécuter ces ordres. Le pillage était plus rentable. Les oligarques et leurs acolytes prirent fuite vers l’Europe, là où il fait toujours beau et où il y avait des réserves de nourriture. En Ukraine, les céréales récoltées en 2021 étaient suffirent pour produire du pain pendant 2 ans. Des migrants affamées venus de Russie tentait de franchir la frontière entre l’Ukraine et la Russie, et les autorités avaient du mal à maintenir l'ordre. Mais il y avait assez de pain pour tout le monde. L'endroit le plus calme, le plus chaleureux et le plus accueillant était l'espace, notamment les stations orbitales internationales et chinoises. Une fois tous les six mois, des vaisseaux cargo contenant de la nourriture et des équipements de remplacement y étaient lancés et les astronautes continuaient à mener leur vie tranquille habituelle. Elon Musk haranguait périodiquement les habitants de la Terre :
– Allons tous dans l'espace, je suis déjà en train de préparer les vaisseaux. Je suis prêt à partager le secret comment perdre des kilos en trop.
–
30. A qui la faute? Que faire?
Simon et Ivita ont affronté l'hiver 23/24 sans aucun poids supplémentaire, tout comme le reste des Ukrainiens. Ils avaient un petit garçon vif qui n'était pas encore intéressé par les grands problèmes. Et il s'est avéré que les problèmes étaient encore à venir pour Bakhmet. Dès que l'ordre a été rétabli sur Terre, des sessions d'urgence de l'ONU ont commencé à se réunir, où de simples questions rhétoriques ont été discutées:
–Qui est à blâmer? Et que faire?
Comme toujours, se sont les populations et les gouvernements des pays qui comptent le plus de personnes riches qui veulent continuer à vivre riches et en bonne santé, qui se penchèrent en premier lieu sur ce genre de questions. Là réside la force de ces pays. Bien sûr, le premier d’entre eux sont les États-Unis. Ses services de renseignement ont étudié le désastre de l'or au cours des deux dernières années et ont rapporté à son président qu'une société appelée Bakhmet, financée par des fonds criminels, a développé une technologie biométallurgique pour extraire l'or de l'eau, ce qui a provoqué la plus grande catastrophe sur Terre. Trois noms ont été mentionnés, à savoir Tchaïkov, Simon et Ivita. Cette information a été transmise au gouvernement ukrainien et au président, respectivement. L'enquête a été confiée au SBU, qui a contrôlé tout le déroulement de la ruée vers l'or, en collaboration avec les services de renseignement de nombreux pays européens. Comme Denys l'a raconté plus tard, il y avait deux lignes directrices dans le rapport de l'enquête du SBU : premièrement, ce sont les bandits qui étaient les vrais responsables du développement incontrôlé du processus ; et deuxièmement, les bandits se pubirent eux-mêmes étant tous morts. Quant aux scientifiques, il convient d’étudier la partie scientifique de leur technologie et déterminer la part de leur responsabilité dans le cataclysme qui se produit. Le contre-espionnage a également analysé son rôle dans l'opération de neutralisation des ennemis de l’Ukraine, ainsi que le rôle des agences de renseignement étrangères dans la lutte contre les criminels internationaux. En somme, de même que dans le rapport de la CIA sur la situation du covid-19, lorsque le service de renseignement a admis que le virus n'avait pas été développé à Wuhan soécialement comme une arme, de même là il était conclut que le virus avait joué un mauvais tour aux hommes et que la situation était hors de contrôle. Un comité d'experts composé de scientifiques, de fonctionnaires et de services de renseignement a été mis en place pour déterminer la responsabilité du personnel de Bakhmet. Lors de la première réunion, il a été demandé à Tchaïkov de faire un rapport sur les développements de la biométallurgie. En avril 2024, Tchaïkov a fait le rapport, qui a eu un prolongement très inhabituel.
31. La fièvre de l'uranium n'a pas encore commencé
Dans sa présentation, Tchaïkov nous a dit que l'eau contient beaucoup plus de métaux que la terre. Il a déclaré que l'entreprise s'est principalement concentrée sur l’extraction de l'or de l'eau. Mais ils ont également testé la possibilité de l’extraction d'uranium à partir de l'eau, dont il y a plus de 5 milliards de tonnes dans l'océan. Ils ont modifié la bactérie sidérophore de manière à ce qu'elle absorbe sélectivement l'isotope 235 de l'uranium, qui est plus léger que l'uranium 238 seulement de 3 unités de masse atomique. Et le fait est que c'est l'uranium 235 qui est utilisé pour les réactions en chaîne dans les armes nucléaires. Si l'on lance le processus de collecte de l'uranium 235 dans l'océan, après un certain temps, le fond de l'océan sera recouvert d'une couche d'uranium 235 d'une épaisseur moyenne de 10 centimètres, car le film d'uranium est plus lourd et plus dense et il ne pourra pas flotter à la surface de l’eau. À ces mots, les scientifiques spécialisés dans le nucléaire qui était présents dans la salle se mirent à s'agiter de façon inhabituelle. L'un d'entre eux, ne pouvant plus patienter, a interrompu le discours de Tchaïkov avec ces mots :
–Savez-vous qu'à cette épaisseur de la couche d'uranium vous avez déjà atteint la masse critique de la réaction en chaîne de la fission nucléaire dans l'uranium 235.
– Et alors? – ont demandé les membres du comité, qui n’étaient pas des scientifiques.
– Et c'est tout, il y aura une explosion nucléaire tellement puissante que la Terre sera très probablement réduite en petits morceaux.
Il y eut d'abord un silence prolongé, puis une discussion animée suivit, mais le président de la commission décida de rendre secrète cette partie du rapport. Avant de clore la discussion, le président de la commission demanda à Tchaïkov :
– Avez-vous déjà réussi à obtenir l'uranium 235 à partir de l'eau de mer sur la base de vos expériences?
La salle se tut, et lorsque Tchaïkov répondit par l'affirmative, le bruit reprit et la discussion se poursuivit en privé. Lorsque Simon rentra à la maison, il raconta avec enthousiasme à Ivita que l’extraction d'uranium par leurs microbes sidérophores modifiés pourrait constituer une menace mortelle pour la planète.
– Nous devons cultiver des phages pour nos Sidérophores. Et il faut le faire maintenant, " dit Ivita et Simon fut surpris par son raisonnement calme. Mais c'était un calme calculé. Au bout d'un moment, elle prit dans ses bras le petit Phoenix âgé d'un an, qui jouait avec ses voitures sur le canapé, et s'écria :
– Pourquoi c’est comme ça? Quoi qu'on invente, quoi qu'on fasse, tout finit mal, tout finit mal. Dis-moi, peut-être que l'humanité a déjà épuisé son crédit de vie sur la planète. Et nous sommes peut-être les ouvriers dont la vocation consiste à ouvrir les portes de l’Enfer?
Elle serra Phoenix dans ses bras. Il l'écouta sérieusement, comme s'il la comprenait, et quand elle eut terminé, il lui serra le cou et l'embrassa. Ivita fut touchée. Simon serra sa bien-aimée dans ses bras et ils sont restèrent là en silence pendant un moment, écoutant leurs cœurs battre.
–Alors ne panique pas, nous allons vivre, allons boire du thé vert.
Simon conduisit son équipe dans la cuisine pour prendre du thé vert. Mais l'inquiétude exprimée dans les mots d'Ivita restait présente dans leur esprit, inquiétude pour Phoenix, inquiétude pour ses proches, inquiétude pour toute vie sur Terre, inquiétude pour le monde entier.
Le lecteur découvrira comment les événements liés à la fièvre de l'uranium se dérouleront dans la suite de ce roman, si le monde ne disparaît pas d'ici là.
03. 11. 2021
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